dimanche 7 octobre 2007

Monsieur le president...

Jeudi 4 octobre 2007

C’est la tête dans le pâté que Marielle, Barbouze, Romain et moi grimpons dans le bus, afin d’aller ouïr les beaux discours de notre beau président de notre République chérie. Sur la route nous sommes étonnés de croiser autant de policiers … le long de la route, il y a un parce. Le long de ce parc, il y a un flic tous les 20m, tourné vers le parc… feraient-ils un cache-cache en uniforme ?! Certains sont assis à manger une pizza, d’autre au téléphone, d’autre sont là, passifs ! Déçue d’avoir laissé l’appareil à la maison !
Et figurez-vous que ça n’est même pas pour notre cher Nico qu’ils sont là, mais pour un match de foot ! …Mais je ne vous cache pas que les allentours de l’universités étaient tout de même remplis de voitures de police. Quand même, on ne pouvait pas lui refuser ça, c’est un peu comme un petit cadeau de bienvenue finalement ! Trop de dépaysement tue le dépaysement, n’est-il pas ?!
Un troupeau de gens, des jeunes et des moins jeunes, patiente sur les marches du parvis de la fac. Ca semble rentrer au compte gouttes. Tous ces gens se sont fait tout beau… personellement ça se limite à bout de tissus africain sur pantalon, tongues (toujours là au bon moment …elles vont finir par être les stars de mes récits !)… pas d’effort particulier ! Marielle regrette de ne pas avoir mis son T-shirt « Tous avec Ségo »… je n’aurais pas été jusque là, mais j’en ai un sympa « Jerusalem of Palestine au recto, Free Palestine au verso », je suis sure que ça serait très bien passé ! Tanpis pour la tenue !
Notre coordinatrice semble faire partie de ceux qui font passer au compte-gouttes, elle nous voit, hop c’est bon pour nous, on rentre directement.
Mais le parcours ne s’arrête pas là … le détecteur de métaux, l’indispensable détecteur de métaux … ambiance aéroport, « embarquement pour Sarkoland porte 2, attaché vos ceintures. » Marielle déclenche une sonnerie. Elle répond juste au mec de la sécurité « Ne razbiram (je ne comprends pas), je suis française ». Hopelà, elle passe sans fouille supplémentaire … dommage, elle a oublié le bazooka !
Nous continuons notre course… enfin, la fameuse salle solennelle de l’université … c’est pour nous l’occasion de découvrir des endroits de ce beau bâtiment que nous n’avions pas encore eut l’occasion de voir… c’est pas une fac, c’est un monument historique, je vous le dis ! A l’entrée de la salle, une peau de vache nous accueille, les étudiants c’est par là … à savoir, au fond à droite, derrière l’estrade des caméramans ! C’est comme ça qu’il compte s’adresser à la jeunesse locale notre Sarko ? Il a du faire une erreur dans le plan de salle, nous allons y remédier … ça serait tout de même dommage qu’il pense parler à des jeunes, et qu’ils ne voit qu’un auditoire d’académiciens ayant depuis longtemps dépassé la vingtaine d’années… C’est donc pour lui que nous outrepassons le règlement ! C’est beau tout de même, de vrais citoyens dévoués !
Nous patientons quelques minutes debout sur le côté, puis voyant que des places réservées aux académiciens, professeurs, et autres personnes importantes, restent vides, nous nous chargeons de les occuper ! Je me retrouve ainsi à 20m de l’estrade environ… Nous faisons un peu tâche dans le décor, certes, mais quitte à être arrivés jusque là, autant être bien assis !
Nous ne sommes pas très nombreux, je dirais 300 grosso modo … et peut-être 50 journalistes… notre chère télévision française est représentée par TF1 et M6 … heureusement que France Inter est là pour rattraper le tout ! Je dis ça, je ne dis rien !
Ah tiens, tout le monde se lève, il doit être entré en piste… je ne vois rien ! Je me lève, je ne vois rien. Tout le monde applaudit. Très peu pour moi, merci, ça ira. La foule en délire se rassied. Un bonhomme, qui ne se présente même pas, le malotru, prend la parole quelques minutes, en bulgare … probablement le recteur de la fac… et ça remercie dans tout les sens !
Il passe le relais à Nico et ses talonnettes … ah bah voilà, une fois monté sur l’estrade je l’aperçois, je le vois même bien, peut-être trop bien d’ailleurs… Et le voilà parti pour une petite heure de discours…
Il commence par nous dire qu’il ne souhaite pas nous lire le discours qui lui a été préparé, car il préfère nous parler avec cœur et intelligence, à nous, jeunes bulgares… les ¾ de la salle étant occupés pas des académiciens, je le répète !
Après tout un rappel de l’histoire de la Bulgarie, lourd passé résistant (C’est bien Nicolas, tu as bien appris ta leçon…), il rappelle qu’entrer dans l’Europe signifie aussi bien aimer l’Europe, qu’aimer la Bulgarie… Il valorise également le fait que la Bulgarie soit le seul pays où les juifs ont pu vivre sans persécutions… on voit bien qu’il n’a pas observé grand-chose à cause des vitres teintées de sa jolie voiture, en effet, ici on trouve des croix gammées un peu partout, et j’ai appris que si certains jeunes portaient le keffieh, c’était plus contre les « juifs » que part solidarité palestinienne. Passons.
De belles phrases, de grands mots … « Je n’aime pas parler d’accueil au sein de l’Europe, car on accueille un étranger, la Bulgarie était déjà européenne, donc on ne peut pas parler d’accueil » … L’accueil des étrangers, vraiment ?!
Il continue avec une légère faute de français … « …ne veut pas que vous réfléchissiez et que vous pensez… » …cherchez l’erreur !
Ensuite, vient le tour de l’aberration, une parmi tant d’autre, mais celle-là vraiment… « La liberté se mérite, ce n’est pas un droit. » … Tout ça pour flatter le peuple bulgare pour sa résistance à travers l’histoire … Je croyais pourtant qu’un article des droits de l’homme stipulait la liberté comme un droit inaliénable… Autant pour moi, j’ai du faire erreur !
Il continue avec un point de civilisation à l’européenne … quelques petits mots gentils qui suscitent des applaudissements de temps en temps : « L’Europe a besoin de la jeunesse bulgare ! ». Il alterne ce genre de compliments avec des « conseils » : « Engagez-vous dans le débat public, soyez des citoyens engagés », « Un grand peuple est acteur et non spectateur. »
Il nous confie même qu’il en a mare des réunions barbantes du conseil de l’Europe, réunions où tout le monde s’ennuie et qui ne font rien avancer … il faut que ça bouge !
« Vive la Bulgarie, la France et l’Europe ! »…applaudissements.
Place aux questions.
La première porte sur la francophonie. Il nous avoue qu’il est un ami des américains (sans blague ?), mais que pour lui le développement de la francophonie est plus qu’important. Il compte d’ailleurs bien mettre en place des dispositifs concret d’aide à se développement en Bulgarie. Il est trop bon. Il va même tout faire pour qu’il soit plus facile de venir étudier en France lorsqu’on vient d’un pays francophone, plutôt que d’un autre pays.
On enchaîne avec une petite citation de Victor Hugo, on évoque Lamartine … un homme plein de culture ce Nicolas. On en profite pour caser ses connaissances quant à l’engagement de ces deux derniers dans la cause bulgare à leur époque. Des français, forcément.
La deuxième question est au sujet de la Turquie dans l’Europe, ou pas. Une phrase d’introduction de réponse très délicate … « 10% des bulgares sont d’origine turque, mais il n’y sont pour rien vous savez ! » poinpoinpoin... Il enchaîne sur l’accueil des pays des balkans en Europe. Oui oui, il a bien dit « accueil ». Il commence à perdre les pédales et à devenir contradictoire… Alors qu’il s’agit de la Turquie, il nous dit que l’élargissement de l’Europe est bien mais, pas trop non plus. Alors que quelques minutes auparavant, il ventait les mérites d’une grande Europe unie, avec tout pleins de pays ! Il n’est pas question ici de savoir si je suis pour ou contre l’entrée de la Turquie en Europe, mais c’est juste Sarkozy ou l’art de se contredire. Puis vous comprenez, la Turquie appartient à l’Asie, c’est géographique. Et surtout, il serait le pays le plus peuplé, ayant donc le plus de droits de vote et le plus de députés… « Ca mérite réflexion » … Sans oublier que, « Si la Turquie adhère, quels arguments à opposer à l’Algérie, Israël, le Maroc, le Liban… ». Dès qu’il prononce le mot Turquie, il est suivi de « Attention ! », ou bien « C’est pas une ptite décision ! ». Tout ça évidemment pour « Ne pas humilier la Turquie, mais ne pas déstabiliser l’Europe. Il faut écouter la voix du bon sens. »… C’est surtout la manière dont tout cela est dit qui est risible (jaune bien sur), hypocrite, puante, très sarkoziste finalement…
Le vla reparti sur « L’idéal européen »… idéal qui vit une victoire ! Plusieurs pays veulent entrer en Europe, mais aucun ne veulent la quitter … Champion ! … Ne pas oublier de s’envoyer des fleurs de temps en temps.
La question suivante, encore pausée par un étudiant bulgare, porte sur la question des grèves. En ce moment la Bulgarie connaît des grèves dans l’éducation et l’enseignement (si j’ai bien tout suivi), bah oui, 200€ de salaire par mois avec le prix de la vie qui augmente (Merci l’Europe !), ça fait pas énorme… Nous voyons là un Nicolas plutôt mal à l’aise, un petit sourire genre « je suis super détendu », alors qu’en fait « question piège, pti con ! »… Il répond donc « Bon honnêtement c’est bien sympathique votre question ! Mais j’ai déjà bien assez pour éviter qu’il y ait des grèves en France pour m’occuper des grèves en Bulgarie ! Dans le fond, le fait qu’il y ait des discussions sociales et politiques en Bulgarie, ça prouve tout simplement, ce que je lui souhaite de tout cœur, que la Bulgarie est devenue une démocratie. Pendant tant d’années, manifester était dangereux, être en grève était interdit, se constituer en parti politique ou en syndicat n’était pas autorisé, et le fait qu’on puisse venir en Bulgarie, à Sofia, et vous dire « Qu’est ce que vuos pensez de ce mouvement social ? »… bah écoutez, bienvenue au club des démocraties …(applause) Mais j’espère de tout cœur que dans deux mois si vous venez en France, que vous ne m’interrogerez pas « Monsieur le président, qu’est ce que vous pensez des grèves en France ? » !!!» Hop, ça c’est fait !
Je ne sais plus bien sur quoi porte la question qui suit, mais la première phrase de réponse est charmante : « Oh, elle est compliquée la question hein ! » …Pendant 2sec, j’ail’impression d’avoir la marionnette des Guignols en face de moi !
Il évoque la difficulté à créer un leadership … lui il veut dire tout ce qu’il pense, il ose dire des choses venant du cœur, même si elles sont différentes des idées de son voisin … quel courage !
Puis saviez-vous que le bénéfice des compagnies pétrolières doit être partagé, car « La monde ne connaîtra pas la paix sur l’injustice ! » C’est tellement beau que sortie de sa bouche ça sonne faux.
Au suet des infirmières bulgares : « Heureusement que j’ai envoyé un avion avec Cécilia dedans pour aller les sauver, parce que votre diplomatie est excellente, mais il faut oser, agir, passer à l’action. » … « Moi, j’accepte de mouiller mon costume. » … « Parce que y a un moment donné, où tous les médecins qui portent un diagnostic c’est formidable, mais parmi ces médecins qui portent un diagnostic, faut qu’y en ait un qu’ait le bistouri, qui fasse l’opération et qui dirige. »
« L’action collective se nourrit de tempéraments qui y vont, il faut bouger les choses ! … Je suis un homme de droite, mais pas un conservateur … J’ai été chercher des gens à gauche, les meilleurs sont partout… » … Change de disque ! Et alors là attention, la théorie du ballon, mon passage préféré ! Il est toujours en train de s’exprimer au sujet de l’action collective, et justement c’était peut-être la minute de trop, celle où il s’embarque dans un discours et des métaphores tellement énormes qu’il est tout soulagé quand il trouve sa chute !
« Sur la scène internationale, il faut jouer collectif, et puis de temps en temps, il faut marquer un but. Et pour marquer un but dans une équipe, il faut que toute l’équipe soit au service de celui qui marque le but, mais si on lui passe le ballon le dernier, c’est parce que c’est pas le plus maladroit. Mais si on lui passe pas le ballon, si il a un peu de tempérament, faut qu’il aille le chercher. Les ballons dans ma vie, on me les a jamais donné, j’ai toujours été les chercher. » … Applaudissements… Sans commentaires, aucun !
Passons maintenant aux objectifs de la présidence française de l’Union (par ordre d’importance):
-politique d’énergie européeenne, parce que l’environnement, Nicolas il aime.
-politique d’immigration européenne, ou « le problème de l’accueil des étrangers en Europe » Bah oui, c’est pas normal qu’une personne se voyant refuser le statut de réfugié politique par un pays de l’Europe, puisse retenter 26 fois la même démarche. Il faut effectivement tenir compte de « la menace des pays terroristes ». Au passage, il place qu’il souhaite « une entente avec les américains, tout en conservant une indépendance. »
-la question de la Russie … « La Russie doit comprendre qu’un grand pays a des droits et des devoirs. »
-l’Iran … grand pays… « On ne peut pas accepter qu’il se dote du nucléaire. »
-le Liban … « On ne doit pas le laisser tomber », précieux joyaux des pays arabe car connaissant une diversité culturelle.
- « Un état-nation pour Israël, un état-nation pour la Palestine, car « ce conflit nourrit le terrorisme et le fanatisme »
- l’Afrique (avec un grand A, tous dans le même panier, c’est plus simple !) « Elle doit se développer, sinon ça va devenir ingérable »
- L’après-Kyoto … « Les américains sont peut-être la première puissance du monde, mais elle ne doit pas déroger à la règle. »
- la Birmanie
- la Chine, les JO… « Les démocraties ne doivent pas être faibles … souvenez-vous dans les années 30… »
« La démocratie, ça s’mérite ! » … Il s’agit d’être « passionnément raisonnable »
Voilà !!!!!!
Applaudissements, merci, aurevoir !
Je pense être la seule de la salle à ne pas avoir applaudit une seule fois.
Nous sortons de la salle, un micro de France Inter nous saute dessus « Qu’avez-vous pensez de ce qu’à dit Monsieur Sarkozy ? » Marielle, en fac de droit, répète « La liberté d’est pas un droit, elle se mérite », suivit du numéro de l’article de je ne sais plus trop quel code, auquel Nico ferait bien d’aller jeter un œil. Barbouze place le mot « contradictoire », j’enchaîne sur « fidèle à lui-même »… Arggg … je boue en sortant de là !
Et la cerise sur le gâteau, nous nous retrouvons parmi les fans, journalistes et gardes du corps, attendant Sarkozy sur le parvis, à la sortie de la fac. Sortie furtive. Deux ou trois poignées de main, notamment celle de Barbouze, et hop dans la grosse voiture ! Le cortège s’en va, tel un cortège de voitures de mafieux !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Me revoila! mon p'tit doigt m'avait prévenu que tu avais écrit un super texte par rapport a la venue en bulgarie de notre super president , vraiment chapeau ma siamoize tu as du talent, on l'imagine tout a fait là planté sur son estrade a ne plus se sentir pisser. Et au fait ça y est j'ai rattrapé mon retard...
bisous vivement la retranscription
laura