jeudi 17 avril 2008

Longue nuit ...

Nuit du mardi 8 au mercredi 9 avril 2008

(rédigé durant cette fameuse nuit! )

Nous voici à la gare de Iasi, la même qu'il y a 2 jours ... je n'aime pas cette ville, c'est définitif ! La ville de l'entre deux trains, la ville de l'attente, la ville où on est toute pouassouse, la ville où on n'a nulle part où aller ... joie et bonheur !
Il est 22h30 ... le début d'une longue nuit, notre train est à 6h12 ... les 12min de trop peut-être! Mais on a l'air parties pour se faire des copains ! La salle d'attente est froide, sent mauvais, on y trouve des banquettes en plastiques où siègent de vieilles personnes. On ne sait pas ce qu'ils attendent, mais à prime abord, ca ne donne pas envie de passer 8h en ces lieux ! Un jeune vient nous faire la causette, en roumain ... et il parle, et il parle ... Au début c'est marrant, puis ca devient fatiguant, puis c'est très drôle, puis ras le bol ! Un deuxième arrive, son copain, il dit parler anglais mais le dialogue est très limité "I speak english", "I don't know" ... Merci le copain! Deux autres hommes à côté suivent notre discussion de sourds avec de grands sourires, mais dès qu'on les regarde genre "à l'aide!", plus personne! Qu'une solution, la fuite !
La nuit va être longue ...
Nous nous réfugions à boire un thé bien chaud dans un fast-food dont je tairais le nom, personne n'est parfait ... mais il faut reconnaître qu'il est certaines situations où des toilettes dignes de ce nom sont agréables à trouver, or celle de ce fameux fast-food sont une garantie! Oui, j'ai bu un thé à Mc Do et je l'assume parfaitement, voilà !
23h30 ... nous nou résignong à nous installer dans la salle d'attente, avec les gens. Une petite dame vient faire amie-amie avec Barbouze, elles ne se comprennent pas, mais qu'à celà ne tienne : échange de numéros ! Les banquettes sont positionnées dans l'espace de telle façon que nous sommes face à des banquettes d'hommes.
Il y a celui à l'espèce de toque turque et la petite moustache qui dort et s'affaisse peu à peu ; il y a monsieur calinettes au béret ... il nous a offert des calinettes pour nous débarbouiller (on doit vraiment avoir de sales têtes!). Il a l'air tout gentil mais un peu picolo, je l'ai grillé avec sa petite fiole ! Lui il somnole et nous observe. Comme tous, on l'intrigue, avec nos sacs ... évident qu'on est pas du coin! Et cette petite étrangère à la veste rouge qui écrit depuis 2h ... mais qu'écrit-elle ? Voilà ce qu'il se demande en me regardant! Il me demande si je suis reporter ... je tente de lui expliquer que j'écris ce qui me passe en tête (vive les talents de mime!) ... La copine de Barbouze s'emmêle ... j'ai semé la pagaille entre les vieux. Enjeu de pouvoir ou je ne sais quoi, ca ne plait pas à papi calinettes que la copine de Barbouze intervienne. Il est saoul et elle n'a pas l'air bien nette non plus. On finit d'ailleurs par apprendre qu'elle est rom ... ce qui explique peut-être les allures méprisantes de papi calinettes à son égard.
On a aussi les deux rigolos, eux c'est mes copains, on ne se parle pas, mais des regards complices suffisent à bien rigoler! Ils n'ont pas l'air ivre en plus. Ils sont marrants. On se moque gentiment de l'homme émeraude ensemble.
L'homme émeraude ... un personnage ! Il s'agit d'un grand monsieur au costume émeraude bien repassé, une chemise à carreaux verts et jaunes, et une cravate à motifs dans les même tons, sans oublier les espèces de Santiags à ses pieds. Bien rasé, bien coiffé, propre sur lui. Il fait contraste avec tous ces gens de noir ou couleurs foncées vêtus. Mais il agace. Il se la pète. Il fait les 100 pas avec ses talons qui résonnent sur le carrelage, il gueule dans son téléphone, il joue les justiciers et éjecte un jeune homme qui s'approche de nous pour nous demander de l'argent ... Peut-être ce monsieur émeraude joue-t-il un rôle ? Peut-être n'est-il pas un voyageur. Peut-être n'a-t-il lui non plus, comme la plupart des gens ici visiblement, nulle part ailleurs où aller? Peut-être joue-t-il pour exister ? (il est 3h du matin j'ai bien le droit de divaguer!) ... S'il n'était que de passage, il ne connaîtrait pas tous ces gens si bien, ni le balayeur ou encore les agents de police qui font des rondes régulières.
Dans cette panoplie de personnages, nous avons aussi le marie de la copine de Barbouze, un homme à chapeau au regard triste et qui s'ennuie ; la dame assez imposante qui dort juste derrière moi étalée de tout son long sur les sièges ; le vieux à casquette à ma droite, il ronfle ; le rustre, un bonhomme qui en impose de sa corpulence et de sa stoïcité. Le rustre ne parle pas, le rustre ne bouge pas et sa toque en peau de mouton non plus, le regard vide. En face de lui, deux femmes visiblement assez pauvres, dorment sur les banquettes.
Chacun a sa position pour dormir : assis et cassé en deux la tête sur les genoux, allongé, la tête dans les mains, assis la tête en arrière, la tête en bas ...
Et à côté de tout ce beau monde, la télévision super high tech est allumée, les mêmes pubs passent en boucle, que des pubs, les mêmes musiques de générique qui reviennent constamment. Dehors les chiens aboient, dedans ca sent fort.
Monsieur émeraude vient de manquer de tomber, mes deux copains et moi nous regardons, on rigole ! Barbouze tente de dessiner Monsieur à la toque, mes copains la grillent ... grand moment lorsque Monsieur à la toque s'affale ... c'est fichu pour le portrait. On rit!
Atmosphère à la fois étrange, repoussante et plaisante.
Les deux policiers font leur ronde.
Dehors le balayeur balaie.

Un petit encas, petit dèj histoire de passer le temps, nous confions nos sacs à nos nouveaux amis ... On revient, je sens que papi à casquette va me causer, j'en ai mare qu'il me regarde, je commence à fatiguer là ... Je demande à Barbouze si elle n'aurait pas une occupation à me proposer pour que papi ne vienne pas me parler ... Elle me sort le rubiscube (cube aux faces colorées !) ... belle idée ... 2min après qu'il est aterri dans mes mains, papi me fait signe ... j'ai tout gagné, je me retrouve assise à côté de lui ... il se bat avec le rubiscube, tente de m'apprendre des mots d'espagnols (il est roumain!) ... et il est patient avec le rubiscube l'enfoiré !!! Il manque plusieurs fois de le démonter ... En face de nous, il y a mes deux copains, ils se marrent !!! Puis ils deviennent tous jaloux et veulent tous essayer, papi me parle à 5cm, il pue l'alcool ... aaaaah, c'était drôle au début, mais ca serait bien que ca s'arrête! Puis il est pas drole, il me dit un mot en roumain, je ne comprend pas, il le sort en espagnol ... le mot en question est "porque", donc je le sors en francais pour sa culture ... et là il croit que j'ai tenté de le dire en espagnol mais que j'ai trop de mal ... hey ho ca va hin !
Bon ... j'arrive à m'échapper, 5h30, le train est en gare, salut les copains, on y va !


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